Rencontre avec la Maître Verrier Caroline Prégermain

Mais comment remettre au goût du jour un art séculaire intimement lié à l’art religieux ? La technique traditionnelle reste inchangée, mais l’utilisation finale du produit et son environnement vont, eux, faire toute la différence. « Les architectes d’intérieur intègrent principalement le vitrail dans deux types de situations : pour répondre à des problématiques de luminosité ou de vis-à-vis » rappelle Caroline. Pour autant, si le constat est souvent le même, les réponses, elles, sont infinies. Ainsi chaque nouvelle rencontre au sein de l’atelier Saint Didier, est une page blanche qui s’ouvre. Des échanges avec les designers et les propriétaires, la maître verrier va puiser tout ce qui lui permettra de construire son œuvre. « J’ai mon univers, mais je m’adapte avant tout aux goûts et aux besoins de mes clients, en essayant toujours d’harmoniser et d’apporter de la légèreté à l’ensemble. » Le style de Caroline est épuré et moderne. Elle associe des formes géométriques à des touches de couleurs savamment choisies, pour que ses créations ne fassent qu’un avec l’environnement qui les accueillera. À cela, elle ajoute de la matière, de l’or ou du platine, et joue avec les textures du verre pour donner du caractère à ses vitraux. 

Dès lors, la magie opère. Caroline apporte la touche finale qui donne vie à un lieu. Elle pare les fenêtres d’une salle de bain de vitraux élancés afin de protéger ses occupants des regards indiscrets. Elle apporte une pointe de caractère à une porte d’entrée ajourée. Elle habille de couleurs et d’ornementations subtiles une verrière. Elle imagine des portes coulissantes au design contemporain dont les formes prennent vie au gré des utilisations. Parmi ses œuvres les plus prisées, la double porte Soleil : un jeu de textures et de teintes bronze invitant à pénétrer dans un salon caché. Un travail visuel envoûtant, que la lumière démultiplie au contact des murs en bois laqué, et qui confère une autre dimension au couloir attenant. Preuve que le vitrail ne vit que lorsqu’il est intégré à l’environnement pour lequel il a été spécifiquement créé.

Lorsque ses clients le souhaitent, la maître verrier travaille ses vitraux à la peinture sur verre, sa spécialité. C’est par exemple le cas de ce projet qu’elle réalise actuellement pour un appartement de l’avenue Foch. Des vitraux classiques mêlant formes géométriques et ornementations délicates. Un procédé très élaboré, qui requiert des compétences artistiques certaines : le raffinement d’une fleur, la subtilité d’une expression sur un visage, les détails d’une main… Un travail de longue haleine, donnant naissance à une œuvre unique. Plus qu’une technique, un art que Caroline est fière de perpétuer et qui prend tout son sens à une époque où la standardisation s’est imposée dans tous les domaines.